Professeur Jan HOLMGREN
Lauréat du Prix Louis-Jeantet de médecine 1994

Les informations ci-après se réfèrent à la date de la remise du Prix.

De nationalité suédoise, né en 1944, le professeur Jan HOLMGREN enseigne la microbiologie médicale à l’Université de Göteborg, où il dirige le Département de microbiologie médicale et d’immunologie.

Les travaux de Jan HOLMGREN sur le choléra ont contribué de façon décisive à la connaissance des mécanismes moléculaires de l’infection par vibrio cholerae et jeté les bases de nouvelles stratégies vaccinales contre cette maladie très répandue. Ses analyses des propriétés immunologiques de la toxine cholérique ont débouché sur la mise au point de vaccins nouveaux, dont l’un est testé à grande échelle dans le cadre d’un programme de l’Organisation mondiale de la santé.

Jan HOLMGREN poursuit actuellement ses travaux sur l’immunité propre aux muqueuses, en vue de développer de nouveaux vaccins par voie orale pour différentes infections gastro-intestinales (diarrhées) ou uro-génitales. Ces travaux visent également à étudier certains mécanismes immunologiques encore mal connus, comme la tolérance immunologique par immunisation orale, laquelle pourrait avoir des retombées importantes en médecine des transplantations et dans le domaine des maladies auto-immunes.

Le Prix Louis-Jeantet de médecine permettra au professeur Jan HOLMGREN d’améliorer la dotation de son laboratoire en personnel et équipement

Travaux de recherche

Le terrain d’activité commun de Jan Holmgren et de Philippe Sansonetti, c’est la bactériologie médicale. Cette discipline qui avait connu naguère un temps d’éclipse a été profondément revitalisée par les apports de la biologie moléculaire moderne. Ce progrès vient à point nommé à l’heure où nous prenons de plus en plus conscience qu’il n’y a pas de victoire définitivement acquise contre les maladies infectieuses.

Les maladies infectieuses du tube digestif comme le choléra et les shigelloses représentent un problème majeur dans les pays du Tiers-Monde. La lutte contre ces maladies passe en priorité par l’amélioration de la situation sanitaire (eau potable) et le progrès socio-économique mais le développement de vaccins efficaces est également important. Comme les agents de ces maladies exercent leurs effets délétères au niveau de la muqueuse intestinale, c’est l’immunité locale propre aux muqueuses qu’il s’agit de stimuler. Ce mécanisme immunitaire spécifique est mis en oeuvre principalement par une catégorie spéciale d’anticorps appelés immunoglobulines A (IgA), présents dans les diverses sécrétions du corps. La structure des IgA diffère de celle desimmunoglobulines G (IgG), qui sont la classe principale d’anticorps circulants.

Les travaux de Jan Holmgren ont permis de comprendre le mécanisme pathogénique de l’agent du choléra, le vibrion cholérique et de développer des approches vaccinales nouvelles contre lui. Le vibrion produit une toxine spécifique, la toxine cholérique. Il s’agit d’une protéine formée de deux types de sous-unités appelées A et B. Grâce à ses sous-unités B, la toxine cholérique s’attache à la surface des cellules de la muqueuse intestinale et permet à la sous-unité A de pénétrer à l’intérieur de celles-ci. C’est la sous-unité A qui est responsable des effets nocifs de la toxine cholérique. En effet, la sous-unité A dérègle un mécanisme biochimique fondamental gouvernant les échanges de la cellule avec son environnement, le système protéine G – adénylate cyclase, lui-même couplé à certains canaux ioniques. La toxine bloque ce système en position  » ouverte « , si bien que la cellule transporte de l’eau et des sels minéraux en direction de la lumière intestinale en les prélevant dans les vaisseaux sanguins qui se trouvent à proximité. Cela provoque les diarrhées massives et la déshydratation qui sont les symptômes majeurs du choléra.

On voit que la sous-unité B n’est pas toxique en elle-même, puisqu’elle ne sert que de  » cheval de Troie  » permettant à la sous-unité A d’entrer dans la cellule intestinale. Par ailleurs, Jan Holmgren a découvert que la sous-unité B stimule fortement l’immunité des muqueuses, d’où l’idée de l’utiliser comme vaccin oral contre le choléra. Obtenu par génie génétique, un tel vaccin a d’ores et déjà été testé dans plusieurs pays. Ce vaccin offre une grande sécurité, car une fois que le gène de la sous-unité B a été isolé, aucun contact avec le vibrion cholérique lui-même ou avec la toxine complète n’est plus nécessaire.

La sous-unité B a aussi un rôle d’adjuvant de l’immunité des muqueuses, c’est-à-dire qu’elle stimule les défenses contre d’autres antigènes présents au niveau de la muqueuse intestinale. Les travaux de Jan Holmgren sur la toxine du choléra ont donc également fait avancer la lutte contre d’autres maladies gastro-intestinales, en particulier les diarrhées causées par certaines souches virulentes de la bactérie Escherichia Coli (les formes inoffensives de cette bactérie font partie de notre flore intestinale normale, mais les formes virulentes peuvent être meurtrières).

Prof. Jan Holmgren
Department of Medical Microbiology and Immunology
University of Göteborg
Guldhedsgatan, 10
S – 413 46 Göteborg

Tél. : +46 31 60 10 00
Fax : +46 31 82 01 60

E-mail: Jan.Holmgren@microbio.gu.se

Site Internet: 
University of Göteborg, Department of Medical Microbiology and Immunology