Docteur Gregory P. WINTER
Lauréat du Prix Louis-Jeantet de médecine 1989

Les informations ci-après se réfèrent à la date de la remise du Prix.

De nationalité britannique, né en 1951, le docteur Gregory P. WINTER est à la tête d’une équipe de chercheurs au Medical Research Council Laboratory of Molecular Biology, à Cambridge.

En collaboration avec le professeur Alan R. Fersht, il a établi les bases d’un domaine de recherches nouveau : l’ingénierie des protéines. Il s’est en effet consacré à la construction de molécules d’anticorps partiellement synthétiques, qui combinent des spécificités antigéniques et des effets biologiques d’obtention improbable par immunisation naturelle. Le docteur Gregory P. WINTER a montré, par exemple, qu’il était possible d’introduire dans une molécule d’anticorps humain le site de reconnaissance spécifique d’un autre anticorps. Un tel anticorps hybride, dirigé contre les lymphocytes humains est actuellement testé pour le traitement de certains lymphomes.

Les travaux du docteur Gregory P. WINTER visent désormais la construction de novo, au niveau des molécules d’anticorps, de sites de reconnaissance antigénique qui pourraient conférer à ces molécules des propriétés thérapeutiques.

Les moyens apportés par le Prix Louis-Jeantet de médecine permettront au docteur Gregory P. WINTER d’acquérir les outils informatiques nécessaires à ce projet et de s’associer pour plusieurs années un collaborateur expérimenté.

Travaux de recherche

 L’enchaînement précis des acides aminés d’une protéine est appelé aussi séquence primaire. Il est déterminé par l’enchaînement correspondant des nucléotides de l’ADN qui sont, en quelque sorte, les  » lettres  » du code génétique. La séquence primaire d’une protéine détermine de façon univoque sa structure tridimensionnelle.

 Le passage de la structure primaire d’une protéine en une structure tridimensionnelleobéit à des règles très complexes et encore mal connues. Il dépend des caractéristiques propres à chacun des vingt acides aminés. Avec le Professeur Alan Fersht, Gregory Winter a fait oeuvre de pionnier en créant un domaine de recherche nouveau qui vise précisément à élucider ces règles et à les exploiter pour la création de nouvelles protéines : l’ingénierie des protéines.

 L’ingénierie des protéines dépend étroitement des progrès du génie génétique : ce dernier permet de recombiner l’ADN, de créer donc des segments de gènes inédits lesquels, une fois réintroduits dans les cellules appropriées, commanderont la synthèse des protéines nouvelles correspondantes. Il est donc possible de provoquer des changements systématiques dans la structure primaire d’une protéine existante et d’évaluer les effets de ceux-ci sur la structure tridimensionnelle, ainsi que sur la fonction biologique. Cette démarche a donc un très grand intérêt en recherche fondamentale, puisqu’elle permet d’explorer de manière systématique les relations entre structure etfonction d’une protéine. Mais elle ouvre aussi des perspectives très prometteuses d’applications pratiques.

 Gregory Winter a choisi de travailler sur des protéines d’un intérêt pratique évident : la classe d’anticorps appelés immunoglobulines G. Il a récemment réussi à produire des anticorps hybrides contentant des sites de reconnaissance antigénique provenant du rat, alors que le reste de la molécule est d’origine humaine.

 Gregory Winter a utilisé des anticorps de rat dirigés contre certains antigènes des cellules lymphoïdes humaines. Produits en culture in vitro à partir de clones de cellules identiques, ces anticorps monoclonaux de rat présentent un intérêt thérapeutique. Ils permettraient en effet de combattre certains cancers des tissus lymphoïdes. De plus, on espère les utiliser pour limiter les réactions de rejet en cas de greffe. Malheureusement leur efficacité thérapeutique est compromise par leur origine non humaine : provenant du rat, ils sont reconnus comme étrangers par l’organisme humain, lequel met en oeuvre contre eux une réaction immunitaire.

 Grâce aux techniques de recombinaison génétique, Gregory Winter a obtenu des anticorps dont seul le site de reconnaissance antigénique provient du rat. Comme le reste de la molécule est d’origine humaine, on peut s’attendre à ce que ces anticorps artificiels soient tolérés et donc efficaces. Des essais cliniques dans ce sens sont actuellement en cours.

 Récemment, Grégory Winter a entrepris de synthétiser de nouveaux sites antigéniques dans des anticorps humains. En utilisant les données structurales les plus récentes sur les sites de combinaison des antigènes et des anticorps, il cherche à conceptualiser, puis à construire des sites antigéniques inédits en faisant largement usage de l’infographie moléculaire. Il s’agit là d’un développement récent de l’informatique qui permet de visualiser dans l’espace à trois dimensions des macromolécules complexes.

Grâce aux moyens mis à disposition par la Fondation Louis Jeantet de Médecine, Gregory Winter va pouvoir s’attacher un collaborateur expérimenté pour mener à bien ce projet à long terme.

Dr. Greg Winter
Deputy Director
Centre Protein Engineering & PNAC
MRC Centre
Hills Road
GB – Cambridge CB2 2HQ

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