Professeur Harald VON BOEHMER
Lauréat du Prix Louis-Jeantet de médecine 1990

Les informations ci-après se réfèrent à la date de la remise du Prix.

Citoyen allemand, né en 1942, le professeur Harald VON BOEHMER est depuis 1976 membre permanent de l’Institut d’Immunologie de Bâle.

Le nom du professeur Harald VON BOEHMER est lié à de nombreuses découvertes concernant les lymphocytes T, cellules sur lesquelles se fonde la discrimination antigénique entre le « soi » et le « non-soi ». Le professeur Harald VON BOEHMER a en particulier démontré l’identité entre les gènes de la réponse immune et le complexe majeur d’histocompatibilité (MHC). Par des expériences de transfert des gènes codant pour le récepteur spécifique des lymphocytes T, il a apporté la preuve qu’un seul et même récepteur est porteur des deux spécificités fondamentales du lymphocyte T, spécificités qui portent sur l’antigène et le MHC respectivement.

Actuellement, par des expériences sur des souris transgéniques, le professeur Harald VON BOEHMER cherche à élucider les mécanismes « d’éducation thymique » qui permettent aux lymphocytes T séjournant dans le thymus d’acquérir des capacités de reconnaissance spécifique. Ces processus jouent un rôle central dans notre compréhension des maladies autoimmunes et des déficiences immunitaires.

Le Prix Louis-Jeantet de médecine permettra au professeur Harald VON BOEHMER d’acquérir un équipement de haute performance pour analyser et trier les cellules vivantes.

Travaux de recherche

Pour la troisième année consécutive, l’immunologie figure parmi les disciplines distinguées par le Prix Louis Jeantet de Médecine. C’est une bonne illustration de l’état de révolution permanente que vit depuis quelques années ce domaine très important de la recherche biomédicale.

La fonction du système immunitaire est de défendre l’organisme contre des antigènes, c’est-à-dire des corps étrangers (bactéries, virus) et des substances étrangères, sans toutefois s’attaquer aux structures de l’organisme lui-même. Le système immunitaire est donc capable de distinguer le « soi » du « non-soi ». Cette capacité de discrimination, qui n’est pas innée mais s’acquiert au cours du développement individuel, est au centre des travaux de Harald von Boehmer.

Le fonctionnement du système immunitaire repose sur la collaboration de nombreux types de cellules. Le macrophage est l’éclaireur du système. Il détecte, absorbe et  » digère  » l’antigène et en expose les fragments à sa propre surface. Ensuite, ces fragments antigéniques sont présentés à un lymphocyte T auxiliaire.
Cette présentation est rendue possible par les molécules de la classe II du complexe majeur d’histocompatibilité (MHC classe II), protéines très importantes qui fonctionnent comme un  » mot de passe  » échangé entre macrophage et lymphocyte.

Le lymphocyte T  » auxiliaire «  ( » helper « , lymphocyte T CD4+) est le chef d’orchestre de la réponse immune. Il reconnaît les fragments antigéniques présentés à la surface du macrophage et déclenche la réponse appropriée :
– sélection et activation d’autres lymphocytes, appelés lymphocytes B et capables de produire des anticorps contre l’antigène.
– stimulation d’autres lymphocytes, appelés lymphocytes T cytotoxiques (lymphocytes T CD8+), et capables de tuer toutes les cellules qui seraient porteuses de l’antigène (à l’exclusion bien entendu des macrophages).

Le lymphocyte T auxiliaire est la victime principale du virus HIV, l’agent infectieux du SIDA qui, on le voit, démantèle la réponse immune en s’attaquant à son élément clef.

La manière dont les antigènes sont reconnus par les diverses cellules impliquées dans la réponse immune fait que seuls des antigènes étrangers sont détruits (tolérance du  » soi « ). Cette règle est fondamentale, car si le système immunitaire n’y obéissait pas, il provoquerait l’autodestruction de l’organisme qu’il est supposé défendre ! Cette propriété de la réponse immune est le résultat d’une sorte d’apprentissage que les lymphocytes T encore immatures subissent au cours de leur passage dans le thymus, pendant la vie embryonnaire.

Grâce à des expériences extraordinairement ingénieuses faisant recours aux souristransgéniques (souris dans lesquelles un gène extérieur a été artificiellement implanté) Harald von Boehmer a mis en lumière certaines modalités de cette « éducation thymique ».

Les lymphocytes immatures, une fois présents dans le thymus, passent par deux phases :
– une sélection négative, qui élimine les lymphocytes reconnaissant un autoantigène (antigène du  » soi « ). Ce processus s’appelle délétion clonale.
– une sélection positive, qui favorise la survie des clones de lymphocytes fonctionnels face à un antigène étranger. La mise à jour de ces processus aura certainement des conséquences spectaculaires dans la compréhension des maladies auto-immunes.

Prof. Dr. Harald Von Boehmer
Havard Medical School
Dana-Farber Cancer Institute
Department of cancer Immunology & AIDS
44, Binney Street
USA – Boston MA 02115

Tél. : +01 617 632 6880
Fax : +01 617 632 6881

Site Internet:
Dana-Farber Cancer Institute
Department of cancer Immunology & AIDS