Professeur Pierre CHAMBON
Lauréat du Prix Louis-Jeantet de médecine 1991

Le professeur Pierre CHAMBON est professeur de biochimie à la Faculté de médecine de l’Université de Strasbourg. Citoyen français, il est âgé de 59 ans. Son nom est lié à de nombreuses découvertes concernant la biologie moléculaire des organismes supérieurs. Il a apporté une contribution essentielle à la connaissance des divers processus de régulation de l’expression génétique, notamment la distinction des divers enzymes impliqués dans la transcription et des  » signaux  » spécifiques reconnus sur l’ADN. Le professeur Pierre CHAMBON a par ailleurs mis en évidence le moyen par lequel les hormones stéroïdes ainsi que l’acide rétinoïque influencent l’expression de nombreux gènes.

Un aspect des travaux actuels du professeur Pierre CHAMBON concerne certains gènes exprimés dans les cancers du sein. La connaissance détaillée de ces gènes, qui semblent être au coeur du mécanisme moléculaire permettant aux cellules tumorales d’envahir les tissus sains, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.

Le Prix Louis-Jeantet de médecine 1991 permettra au professeur Pierre CHAMBON de renforcer en personnel et en équipement son groupe travaillant sur le cancer du sein.

Travaux de recherche

Pierre Chambon a apporté de nombreuses contributions à notre connaissance de l’expression génétique et de sa régulation chez les organismes supérieurs. Découvrir les mécanismes qui déterminent pour chaque cellule de notre corps, quels gènes sont exprimés, sous quelles conditions et à quel moment, représente un des objectifs fondamentaux de la biologie moderne. Ces mécanismes recouvrent en fait trois enjeux, qui sont autant de question essentielles :
– La spécialisation cellulaire : à quelques exceptions près, chacune de nos cellules possède le même matériel génétique. Pourtant, dans notre organisme, les cellules diffèrent par leur structure et leur fonction. Ceci veut dire qu’il est possible d’exprimer tel gène plutôt que tel autre. Il existe donc des mécanismes de régulation de l’expression des gènes.
– Le développement embryonnaire : il consiste en la mise en place dans l’organisme de territoires spécialisés, faits de différents types de cellules. Ce processus est lui-même sous le contrôle de certains gènes spécifiques.
 Les anomalies pathologiques de l’expression génétique : de nombreuses pathologies sont associées, soit à des anomalies dans la structure de certains gènes, soit à une expression inappropriée de ceux-ci. C’est par exemple le cas des cancers, où ces deux types d’anomalies ont été décrites au niveau des oncogènes.

Pierre Chambon a consacré de nombreux travaux aux récepteurs des hormones stéroïdes (cortisol, aldostérone, hormones sexuelles). Ces hormones interviennent dans de nombreux processus métaboliques ainsi que dans le développement et la reproduction. Elles agissent sur l’expression de certains gènes par l’intermédiaire derécepteurs spécifiques intracellulaires qui, après liaison avec l’hormone, se déplacent vers l’ADN où ils se lient à certaines séquences de contrôle appelées HRE (éléments de réponse hormonale, voir schéma). Seuls les gènes munis d’une telle séquence sont alors activés.

Récemment, les travaux de Pierre Chambon et de son groupe ont également porté sur les récepteurs à l’acide rétinoïque. Cette molécule semble agir dans l’embryon comme un signal chimique influençant le destin de certaines cellules et donc la mise en place de tel ou tel organe au cours du développement. Or il s’est avéré que l’acide rétinoïqueintervient dans l’expression de certains gènes par un mécanisme analogue à celui des hormones stéroïdes. Les travaux actuels visent à élucider le rôle des divers types de récepteurs spécifiques à l’acide rétinoïque dans le développement des membres chez les vertébrés.

Actuellement, l’équipe de Pierre Chambon travaille aussi sur le cancer du sein où elle a découvert un mécanisme qui explique comment les cellules tumorales sont capables d’envahir le tissu sain. Ce mécanisme implique une enzyme, la stromélysine, capable de digérer la matrice extracellulaire entourant la tumeur et qui permet donc la progression de cette dernière ainsi que la formation de métastases. Un des aspects les plus surprenants de cette découverte est que cette enzyme n’est pas produite par les cellules cancéreuses elles-mêmes, mais par les cellules normales avoisinantes (cellules stromales). Il semble donc que les cellules tumorales  » détournent  » l’expression génétique des cellules saines en leur faisant produire la stromélysine. Le phénomène de communication intercellulaire que cette découverte laisse entrevoir pourrait-il être la cible de nouvelles thérapeutiques anticancéreuses ? Les recherches futures de Pierre Chambon et de ses collaborateurs nous l’apprendront.

Prof. Pierre Chambon
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